Pourquoi les chats raffolent-ils du thon?

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Hormis l’amour légendaire de Garfield pour les lasagnes, aucun aliment n’est plus associé aux chats que le poisson, dont le thon. Par ailleurs, plus de 6 % de tous les poissons capturés à l’état sauvage sont destinés à l’alimentation des chats. Pourtant, le thon comme mets favori, ou tout autre poisson et fruit de mer d’ailleurs, est inusité pour les chats, dont l’ancêtre a évolué dans le désert.

Les papilles gustatives des chats contiennent en fait les récepteurs nécessaires à la détection de l’umami, la saveur savoureuse et profonde de diverses viandes, et l’un des cinq goûts fondamentaux, avec le sucré, l’acide, le salé et l’amer. L’umami semble être la première saveur recherchée par les chats, ce qui n’est pas une surprise pour un carnivore strict. D’ailleurs, les récepteurs des chats sont particulièrement adaptés aux molécules présentes en fortes concentrations dans le thon, ce qui explique pourquoi les chats semblent préférer le thon à tous les autres mets.

Les chats ont un palais unique. Probablement parce qu’il n’y a pas de sucre dans la viande, ils ne possèdent pas les récepteurs pour goûter le sucre. Les chats ont également moins de récepteurs du goût amer que les humains, une caractéristique commune des carnivores. Deux gènes (Tas1r1 et Tas1r3) codent des protéines qui s’associent dans les papilles gustatives pour former un récepteur, qui détecte l’umami, ont été identifiés chez les chats, mais avec des différences majeures au niveau des séquences de protéines comparativement à l’homme. En outre, l’umami est aussi important pour les chats que le sucré l’est pour l’homme. Les chiens, pour leur part, peuvent goûter à la fois le sucré et l’umami, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils ne font pas la fine bouche.

De plus, les chats sont attirés par des composés retrouvés en quantités particulièrement élevées dans le thon (histidine et de inosine monophosphate). La raison pour laquelle les chats ont un penchant pour le thon reste cependant un mystère. Ils ont évolué dans les déserts du Moyen-Orient il y a environ 10 000 ans, où le poisson, quel qu’il soit, n’avait que peu de chances de figurer au menu. Il s’agit peut-être d’un goût que les chats ont développé au fil du temps.

Dès 1500 avant notre ère, des chats sont représentés dans l’art de l’Égypte ancienne mangeant du poisson. Au Moyen-Âge, les chats de certains ports du Moyen-Orient consommaient de grandes quantités de poisson, y compris du thon, probablement parce qu’ils se délectaient des restes laissés par les pêcheurs. Dans les deux cas, les chats qui ont développé un goût pour le poisson, et peut-être pour le thon en particulier, ont pu bénéficier d’un avantage sur leurs congénères.

Au final, ces découvertes pourraient permettre la mise au point d’aliments et de médicaments plus appétissants pour les chats.  

Référence

McGrane SJ, Gibbs M, Hernangomez de Alvaro C, Dunlop N, Winnig M, Klebansky B, Waller D (2023). Umami taste perception and preferences of the domestic cat (Felis catus), an obligate carnivore, Chemical Senses 48 : 1-17.

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